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Anise Koltz (1928-2023)

La première est souvent et à juste titre présentée comme l’une des figures de proue des lettres luxembourgeoises. Née en 1928, elle écrit d’abord en allemand, publiant entre 1953 et 1973 une série de nouvelles, mais aussi plusieurs recueils de poésie ; en 1966, elle publie à Paris, dans la prestigieuse collection bilingue « Autour du monde » dirigée par Pierre Seghers, un recueil intitulé Le Cirque du soleil. Le véritable tournant dans sa création survient toutefois après le décès prématuré de son époux, en 1971, des suites des mauvais traitements subis de la part de l’occupant allemand durant la Deuxième Guerre mondiale. Anise Koltz se détourne alors de la langue allemande, choisissant de poursuivre son œuvre en français et d’alterner pour la publication éditeurs luxembourgeois (principalement les éditions Phi) et français (Seghers, Arfuyen, Belfond).

Auréolée d’une renommée internationale, membre de l’Académie Mallarmé et de l’Institut Grand-Ducal des Arts et des Lettres, elle crée les Journées littéraires de Mondorf, lesquelles donnent lieu à des anthologies dont elle est la coéditrice, participe à de nombreux festivals de poésie (dont le Printemps des Poètes et le Poetry Parnassus, en Angleterre), publie des poèmes et des récits de voyage dans de nombreux périodiques et revues littéraires, au Grand-Duché et à l’étranger. Surtout, elle devient le premier écrivain luxembourgeois à intégrer la prestigieuse collection « Poésie » chez Gallimard, qui publie en 2016 une anthologie de son œuvre poétique sous le titre Somnambule du jour. Deux ans plus tard, elle reçoit le prix Goncourt de la poésie pour l’ensemble de son œuvre, autre consécration.

Anise Koltz embrasse par son parcours toutes les facettes de la littérature, de la création littéraire à la critique ; fortement présente dans les institutions qui font exister la littérature dans l’espace social, et cela tant à l’échelle nationale qu’internationale, elle joue aussi le rôle de passeuse entre différentes cultures : traduite dans de nombreuses langues, elle traduit elle-même du français vers l’allemand Léopold Sédar Senghor et la poétesse belge Andrée Sodenkamp.

Elle illustre également par son parcours la trajectoire éditoriale itinérante dégagée par Pascal Durand à propos du modèle éditorial belge francophone. Ses derniers recueils en date le montrent bien : elle publie chez Arfuyen Soleils chauves (2012) et Galaxies intérieures (2013), recourt ensuite aux éditions Galerie Simoncini, basées au Luxembourg pour Pomme (2013), revient chez Arfuyen pour Un monde de pierres (2015), fait paraître aux éditions Galerie Simoncini Le Messager sans message (2016), et recourt enfin à Estuaires, maison basée elle aussi au Luxembourg, pour sa dernière publication en date, Pressée de vivre (2016).

Le statut de Koltz sur la scène littéraire grand-ducale et internationale, s’il est résolument unique, contribue à tout le moins à accroître la visibilité de la production littéraire des autrices luxembourgeoises de langue française, et au-delà de la littérature luxembourgeoise. On peut espérer que la parution d’une anthologie de son œuvre dans une collection aussi prestigieuse et aussi synonyme de patrimonialisation que la collection « Poésie » de Gallimard et que l’obtention du prix Goncourt de poésie ouvriront la voie à d’autres voix poétiques et plus largement littéraires au Grand-Duché.

José Ensch (1942-2008)

Née en 1942, José Ensch écrit des poèmes dès l’adolescence ; à la fin des années 1960, elle montre plusieurs de ses textes à Gisèle Prassinos, qui l’introduit dans le milieu littéraire et artistique parisien. Ses poèmes se voient publiés dès les années 1970 dans des périodiques luxembourgeois (dont Arts et Lettres, Estuaires, nos cahiers, Les Nouvelles Pages de la SELF), belges (Triangle, Espace et Pollen d’azur) et français (Europe, Orée, Vagabondages), mais aussi suisses et canadiens. Gage de reconnaissance, plusieurs des poèmes de José Ensch sont dès les années 1980 repris dans des anthologies, dont Les Éléments des poètes (Paris, 1990), Pays clément dans la fureur des vagues (Luxembourg, 1993) et Le Siècle des femmes (Bruxelles, Echternach, 2000). L’Arbre (1984), premier de ses huit recueils de poésie, paraît dans la collection bibliophile des éditions Galerie Simoncini. Ses autres recueils paraîtront respectivement aux éditions La Librairie bleue, basées en France, à Troyes (Le Profil et les Ombres), puis au Luxembourg, chez Phi (Dans les cages du vent ; L’Aiguille aveugle) et Estuaires (Prédelles pour un tableau à venir ; Les Façades). José Ensch a donc adopté elle aussi une trajectoire éditoriale itinérante, mais qui se joue selon des modalités différentes que dans le cas d’Anise Koltz, avec notamment une présence moindre sur le marché français.

Comme Anise Koltz, José Ensch aura pratiqué tous les aspects de la création littéraire et joué un rôle actif et majeur dans la vie culturelle et littéraire du Grand-Duché. En 1985, elle participe avec Henri Blaise au VIIIe Congrès de la World Organization for Poets à Corfou. Elle fait également partie en 1986 du premier comité de lecture de la revue Estuaires avec entre autres Nic Klecker et Rosemarie Kieffer. Elle a également été membre de l’Institut grand-ducal, section des arts et des lettres, ainsi que de la Lëtzebuerger Schrëftstellerverband (LSV), et a reçu le prix Servais en 1998 pour son recueil Dans les cages du vent. Ses poèmes ont été traduits dans de nombreuses langues (allemand, anglais, roumain, russe, arabe, grec, chinois, hongrois et macédonien), et elle a elle-même traduit du français vers l’allemand des poèmes d’André Schmitz et de Guy Goffette, écrivains belges.

Danielle Hoffelt (1963-)

Danielle Hoffelt est née à Esch-sur-Alzette en 1963. Danielle Hoffelt a publié aux éditions Les Cahiers luxembourgeois un recueil, Impuissance (prix Arthur-Praillet en 1996) et aux éditions Phi le recueil Mots à maux (2013). Certains de ses poèmes ont paru dans des périodiques et revues littéraires luxembourgeois et étrangers, d’Estuaires à nos cahiers, en passant par Traversées. Elle a également écrit une pièce de théâtre, Pandora (1998) et est la coautrice, avec Jean-Claude Degrell, de trois livrets pour des comédies musicales portant sur l’histoire d’Echternach, représentées en la basilique ou au Trifolion d’Echternach.

Carla Lucarelli (1968-)

Carla Lucarelli est née à Luxembourg en 1968. Elle a publié aux éditions Phi deux recueils de poésie, Aquatiques (2012), Dekagonon (allemand/français) (2016), deux romans, Carapaces (2013), La Disparition de Wanda B. (2017), ainsi qu’un récit autobiographique, Enfance, Instantanés (2020). Aux éditions Venterniers a paru en 2013 Terrains vagues, un recueil de 22 microfictions. Elle a également écrit des pièces de théâtre et contribué à diverses anthologies publiées dans le cadre des journées du livre à Walferdange ou éditées par le Centre National du Livre, ainsi qu’à des suppléments littéraires et des revues (Kulturissimo/Galerie/forum). En 2022 a paru aux éditions Phi son recueil de nouvelles Chantiers du désir.