Alors que l’informatique quantique se rapproche peu à peu des applications commerciales, la course à la cybersécurité quantique est lancée. LuxQuantum, une start-up créée par des alumni, cherche une solution permettant la compatibilité entre les outils de cybersécurité traditionnels et quantiques, ouvrant ainsi la voie à des communications sécurisées à l’avenir.
Actuellement, l’utilisation de technologies provenant de différents fournisseurs rend souvent difficile (voire impossible) la communication sécurisée entre les systèmes. La raison est assez simple : il n’existe aucune normalisation des solutions de sécurité quantique. Cela conduit à ce que les experts en informatique appellent « l’interopérabilité sécurisé », un défi majeur pour la technologie quantique. C’est cette lacune que LuxQuantum entend combler.
L’avenir n’attend pas
Les entrepreneurs soulignent qu’il est temps d’agir, car les ordinateurs quantiques pourraient très bientôt devenir une réalité.
« Les données sensibles peuvent être collectées et sauvegardées dès maintenant, en attendant de les décrypter lorsque des ordinateurs quantiques suffisamment puissants existeront », explique Samira Chaychi, l’une des cofondatrices de LuxQuantum. Elle souligne la nécessité de sécuriser dès maintenant les données appartenant par exemple à des dossiers de défense, de finance ou de santé, afin d’assurer leur protection à l’avenir.
Obtenir la compatibilité à travers une solution hybride
La start-up a été fondée par Samira Chaychi, informaticienne, et Sharif Shahini, physicien. Ils se sont rencontrés en effectuant leur doctorat à l’Université du Luxembourg. C’est à ce moment qu’ils ont pris conscience du problème de « l’interopérabilité sécurisé » et qu’ils ont réalisé le potentiel de solutions viables à ce problème.
C’est précisément sur un outil d’interopérabilité que travaille LuxQuantum, en explorant une approche hybride qui combine la cryptographie post-quantique (PQC) et la distribution quantique de clés (QKD). La PQC est une solution classique réputée plus facile à intégrer dans les infrastructures actuelles. Cependant, elle n’a pas encore été testée sur de véritables ordinateurs quantiques, ce qui rend son efficacité à long terme incertaine. La QKD utilise la mécanique quantique pour détecter les attaques et offre une sécurité inconditionnelle. Elle reste toutefois coûteuse, complexe à mettre en œuvre et difficile à déployer à grande échelle.
En améliorant la compatibilité entre ces technologies de différentes sources, la solution proposée par LuxQuantum permettra ainsi une communication sécurisée, quelle que soit la technologie sous-jacente.
Dans le domaine quantique, il faut s’engager sur une course de fond
Comme de nombreuses start-ups dans le domaine quantique, LuxQuantum se projette sur le long terme. Actuellement, une étude de faisabilité technique, financée par le ministère de l’Économie, est actuellement en cours. Au cours des prochaines années, l’entreprise mènera des recherches industrielles, évaluera l’applicabilité de sa solution au Luxembourg et dans d’autres pays européens, lancera le développement d’un produit pour aboutir à un projet pilote sur le marché.
« Quoique le noyau du projet est axé sur la recherche, il inclut une forte composante technologique », souligne Samira Chaychi.
‟ Il existe déjà des acteurs impliqués dans la sécurité quantique au Luxembourg et nous serions ravis de collaborer avec eux à l’avenir.”
Passer du stade d’une idée à une solution viable
Leur expérience scientifique leur a permis d’identifier le problème. Cependant, Samira souligne qu’ils ont dû acquérir les connaissances entrepreneuriales nécessaires pour créer une entreprise prometteuse. Lors de la création de leur start-up, l’incubateur de l’Université du Luxembourg leur a donné accès à divers ateliers, à des informations précieuses sur les questions d’assurance et juridiques, ainsi qu’à une adresse pour leur start-up pendant la première année.
Samira garde un excellent souvenir d’une summer school qui l’a aidée à prendre confiance en elle : « Le doctorat m’a appris à me concentrer sur le problème et à travailler de manière indépendante. Mais après le doctorat, j’ai commencé à apprendre comment devenir entrepreneure – l’incubateur nous a donné les outils nécessaires pour poursuivre cette aventure », explique-t-elle. Après un an à l’incubateur de l’Université, LuxQuantum a déménagé à Technoport pour poursuivre son parcours.
Leur conseil aux futurs entrepreneurs ?
« Le réseautage est essentiel. » Samira explique : « L’écosystème des start-ups au Luxembourg comprend de nombreux partenaires tels que Luxinnovation, la Chambre de commerce du Luxembourg, la Luxembourg House of Cybersecurity… L’Université et les incubateurs organisent de nombreux événements où les étudiants, les chercheurs et les start-ups peuvent entrer en contact avec des acteurs économiques. Si vous vous contentez d’étudier ou de faire de la recherche sans participer à ces réseaux, il vous sera difficile d’avancer. Être présent et partager ses idées est le meilleur moyen de concrétiser ses idées. »
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