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Nouvelle étude: le bien-être chez les enfants placés en dehors de leur foyer

  • 19 octobre 2023
  • Catégorie
    Recherche
  • Thème
    Psychologie, neurosciences & économie comportementale

Un nouveau projet de recherche à l’Université du Luxembourg étudie la santé mentale des enfants et des adolescents qui grandissent dans des foyers ou des familles d’accueil au Luxembourg. Dirigé par les Profs. Pascale Engel de Abreu et Robert Kumsta, le projet « CHAMP », abréviation de « CHildhood Adversity and Mental Health Project », vise à étudier l’impact des expériences négatives vécues pendant l’enfance sur le développement de l’enfant.

Ce projet interdisciplinaire réunit des chercheurs de l’Université du Luxembourg et du Luxembourg Institute of Health. Les chercheurs utiliseront des méthodes issues de la psychologie du développement et de la recherche épigénétique. Les objectifs à long terme sont d’améliorer l’identification précoce des besoins spécifiques des enfants placés en dehors de leur foyer et de développer des interventions visant à améliorer la santé mentale des enfants et des adolescents concernés.

L’épigénétique étudie la façon dont le comportement et l’entourage d’une personne peuvent provoquer des changements qui vont affecter le fonctionnement de ses gènes. Les changements épigénétiques sont des modifications potentiellement réversibles qui ont un impact sur l’activité des gènes sans modifier la séquence d’ADN. Ils peuvent cependant modifier la façon dont votre corps lit une séquence d’ADN.

Aujourd’hui, l’épigénétique influence la recherche dans de nombreux domaines, tels que les sciences de la vie, la sociologie, l’éducation, la psychologie ou encore l’économie.

Expériences de détresse dans la petite enfance

Le placement en foyer ou en famille d’accueil est une stratégie à double tranchant. Bien qu’il s’agisse d’une mesure visant à protéger l’intérêt de l’enfant, elle représente une perturbation majeure dans sa vie et la recherche montre régulièrement un risque accru de troubles du développement et de la santé mentale chez les enfants élevés en dehors de leur famille.

En 2023, environ 1 400 enfants et jeunes adultes vulnérables ont été placés en dehors de leur famille au Luxembourg, comme l’a indiqué l’Office national de l’enfance ONE. Derrière ces chiffres se cache souvent une histoire troublante de négligence et de maltraitance des enfants, soulignant le besoin urgent de sensibilisation et d’intervention de la société.

Le projet CHAMP – un travail d’équipe

La Prof. Pascale Engel de Abreu, coordinatrice du groupe de recherche sur le développement socio-émotionnel et cognitif, et le Prof. Robert Kumsta, coordinateur du laboratoire sur le stress et les interactions gène-environnement, dirigent le projet en collaboration avec le Dr. Jonathan Turner du Luxembourg Institute of Health.

CHAMP se déroulera sur une période de trois ans. Le projet impliquera des enfants, des adolescents et des personnes s’occupant d’eux dans des institutions résidentielles d’aide à l’enfance et à la famille (AEF), ainsi que des familles d’accueil au Luxembourg. En outre, l’étude incluera des groupes de contrôle composés d’enfants et d’adolescents issus de la population générale. La recherche comprendra des questionnaires, des entretiens et des tests cognitifs et épigénétiques.

Les partenaires du projet sont l’Office National de l’Enfance (ONE), FEDAS Luxembourg, FleegeElteren Lëtzebuerg, l’Association Nationale des Communautés Éducatives et Sociales (ANCES), l’Ombudsman fir Kanner a Jugendlecher (OKaJu) et UNICEF Luxembourg. Le groupe de recherche est également soutenu par des experts internationaux en psychologie et psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent d’Allemagne, d’Écosse et de Nouvelle-Zélande.

Pascale Engel de Abreu, insiste sur l’urgence d’une recherche ciblée dans ce domaine.

Un vide critique persiste dans les recherches sur l’impact des placements hors du cadre familial au Luxembourg, laissant ainsi une importante lacune dans notre compréhension des défis auxquels ces enfants et adolescents sont confrontés. Combler ce manque permet non seulement d’accroître nos connaissances, mais aussi de renforcer leur plaidoyer. Une recherche exhaustive constitue le socle d’une prise de décision éclairée, ouvrant la voie à des politiques plus efficaces, à un soutien renforcé et, surtout, à un avenir plus prometteur pour ces jeunes individus.”
Pascale Engel de Abreu

Prof. Pascale Engel de Abreu

Professeur associée