ChatGPT, Copilot ou Gemini : les outils d’IA destinés à concevoir et enrichir des rapports écrits sont de plus en plus populaires auprès des étudiants. Mais comment les professeurs peuvent-ils évaluer ce type de production ?
Le personnel enseignant peut désormais trouver la réponse à ce type de question dans une formation spécifique organisée au sein de l’Université du Luxembourg. Le premier des cinq séminaires prévus pour le semestre en cours a affiché complet le 12 février dernier et le rythme des inscriptions aux autres éditions témoigne un intérêt marqué du corps professoral.
« Bannir ChatGPT n’est pas possible et son usage peut devenir indétectable grâce au recours à d’autres outils d’IA qui reformulent les contenus », explique Margault Sacré, e-learning specialist. Même l’outil de détection de plagiats Turnitin ne peut rien contre les tours de passe-passe de l’IA une fois qu’un texte conçu par ChatGPT est passé entre les mains d’un générateur de synonymes. « Une piste selon moi, c’est de faire reconnaître aux étudiants qu’ils ont utilisé l’IA en le référençant en bas de page », suggère-t-elle. Certains professeurs en viennent à demander les prompts par exemple.
En toute transparence
« Le séminaire m’a permis de sensibiliser les étudiants aux outils d’IA générative, notamment au fait que si ces outils sont puissants, leur utilisation requière une certaine prudence », développe Cedric Laczny, research scientist à l’Université du Luxembourg. Lui qui est chargé de leur expliquer comment écrire des rapports, notamment sur des sujets scientifiques, ainsi que de corriger ces travaux, il demande désormais aux étudiants de joindre en annexe les ressources puisées par des logiciels d’IA générative et les détails sur l’interaction avec ces logiciels.
Conscient qu’« une évaluation juste consiste à demander aux étudiants quelque chose qu’on leur a appris », il admet aujourd’hui que la prise en considération de l’usage de l’IA le pousse à reconsidérer la structure des cours. Il tient à l’œil le fait que « si l’IA peut être considérée comme un gain de temps, elle peut également en coûter dans les manipulations des outils ainsi que la vérification des réponses générées ».
Car en questionnant les étudiants sur comment l’IA leur a permis de produire le contenu demandé, un enseignant peut aussi évaluer leur maîtrise du sujet. Le retour aux examens oraux ou aux épreuves écrites n’est donc pas forcément la solution à l’équation posée par ChatGPT et ses concurrents.
Margault Sacré ne compte pas s’arrêter là : elle prépare pour la prochaine rentrée académique un programme de formation autour de cinq thématiques spécifiques pour les professeurs autour des outils d’IA générative. Loin des clichés de tricherie, le recours à l’intelligence artificielle peut aussi ouvrir la porte à sa maîtrise réelle.
‟ Une piste selon moi, c’est de faire reconnaître aux étudiants qu’ils ont utilisé l’IA en le référençant en bas de page.”
© Photo: Université du Luxembourg