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Pouvons-nous sauver la démocratie grâce aux jeunes ?

  • Faculté de Droit, d'Économie et de Finance (FDEF)
    Faculté des Sciences Humaines, des Sciences de l’Éducation et des Sciences Sociales (FHSE)
    University of Luxembourg Institute of Digital Ethics (ULIDE)
    26 mars 2025
  • Catégorie
    Communiqués de presse, Relations avec le public
  • Thème
    Informatique & TIC, Psychologie, neurosciences & économie comportementale, Sciences sociales

À l’heure où les défis technologiques et la montée de la désinformation mettent à l’épreuve les fondements de nos démocraties, les jeunes apparaissent comme des acteurs essentiels pour les préserver. C’est dans ce contexte que s’est tenue la conférence « Digital Democracy & Youth in the Digital Age », organisée par l’Université du Luxembourg. Quarante experts et chercheurs se sont réunis pour réfléchir à l’intégration des jeunes dans les processus politiques de demain, soulignant la nécessité de repenser l’éducation à la citoyenneté et l’utilisation des outils numériques.

« Mon intention ici est l’espionnage industriel. Je ramènerai à Strasbourg tout ce que j’ai entendu ici. Le but est vraiment de l’intégrer au travail intergouvernemental et de l’alimenter dans notre production de réponses politiques. C’est avec ces mots que Matjaz Gruden, Directeur de la démocratie au Conseil de l’Europe, a conclu sa participation à la conférence « Digital Democracy & Youth in the Digital Age » organisée par l’Université du Luxembourg.

Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, avait pour objectif de développer des solutions concrètes aux défis et aux opportunités de la participation politique des jeunes à l’ère numérique. Une initiative saluée et appréciée par le Directeur de la Démocratie au Conseil de l’Europe : « Nous sommes extrêmement reconnaissants à la Présidence du Luxembourg et à l’Université du Luxembourg d’avoir organisé cet événement, car il s’inscrit parfaitement et contribue à ce qui a été, sans aucun doute, une priorité de l’organisation ces dernières années, à savoir trouver des moyens de soutenir nos États membres dans la lutte contre la régression démocratique », a-t-il indiqué ».

Défis technologiques et participation démocratique des jeunes

Les 40 experts présents se sont tous accordés pour dire que la rapidité des évolutions technologiques est un défi pour tous. Pour les chercheurs, qui peinent à choisir l’angle sous lequel les étudier, mais aussi pour le droit national et européen, qui est à la traîne. Tous essaient de rattraper ces développements, mais sont confrontés à la complexité du sujet. « Pour les jeunes, la prise de décision des institutions classiques est en quelque sorte perçue comme étant déconnectée de leurs besoins, de leur manière de vivre, mais surtout de la manière dont ils aimeraient contribuer à la société civile et à la prise de décisions démocratiques, » explique le Prof. Dr. Stefan Braum de la Faculté de Droit, d’Économie et de Finance. Il ajoute qu’ils « veulent être des acteurs de ce monde numérique complexe, mais ils veulent y apporter leurs outils, leurs perceptions et leurs compréhensions de la citoyenneté »

Bienvenue dans l’ère de la post-vérité

Les réseaux sociaux et leur utilisation à des fins de protestation et d’activisme étaient également au cœur des discussions. Si les plateformes numériques semblent offrir une voix à tous, elles sont aussi en partie responsables de la diffusion d’infox et de la désinformation. Nous serions entrés dans l’ère de la post-vérité, celle dans laquelle les faits objectifs ont moins d’influence sur l’opinion publique que l’appel à l’émotion et aux opinions personnelles. « Si nous prenons la post-vérité au sérieux, alors la vérification des faits, ce n’est plus suffisant. Nous sommes déjà au-delà de la vérification des faits. Nous devons nous attaquer aux récits », souligne Dr. Dominic Harion. Il ajoute : « Nous avons découvert que l’éducation démocratique doit être plus qu’un ensemble de compétences. Nous devons apprendre aux jeunes à oser sortir des espaces sûrs pour s’exprimer dans de plus grands espaces publics. »

Jouer pour mieux comprendre

La culture de la mémoire subit également un changement radical, car elle est directement influencée par les médias et leur utilisation. Dr. Andrea Binsfeld souligne que « l’enseignement de compétences numériques est un vrai défi, car il faut l’adapter aux spécificités des différents médias qui existent aujourd’hui ». L’une des solutions pourrait se trouver dans l’apprentissage par le jeu, la ludification. « Jouer, c’est expérimenter », explique Pedro Cardoso Leite. « Cela génère des émotions qui peuvent aider à mieux comprendre l’autre. Ainsi, nous espérons apprendre aux joueurs à penser différemment, de façon plus critique, et peut-être reconsidérer leurs opinions. » 

Entre éducation, cadre et opportunités

Après trois jours de discussions, d’échanges et de présentations de divers projets de recherche internationaux, l’ensemble des participants repartent avec deux convictions. La première est celle de l’importance de l’éducation au numérique, mais aussi à la culture démocratique et à l’ouverture d’esprit. Ensuite, que si les outils numériques peuvent être bénéfiques, nous devons aussi savoir nous protéger de leurs dérives tout en rattrapant notre retard dans l’identification de leur potentiel bénéfique pour la démocratie.

Vidéo

Democracy and Youth in the Digital Age – Université du Luxembourg