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40 ans de reconnaissance pour le luxembourgeois

  • Faculté des Sciences Humaines, des Sciences de l’Éducation et des Sciences Sociales (FHSE)
    23 février 2024
  • Catégorie
    Recherche
  • Thème
    Sciences humaines

Le luxembourgeois obtenu le statut de langue nationale du Grand-Duché il y a tout juste 40 ans, le 24 février 1984. Depuis, des ressources importantes sont dédiées à la formation et aux ressources linguistiques ainsi qu’à la recherche sur la langue.  

Peter Gilles est professeur de linguistique à l’Université et vétéran de l’enseignement et de la recherche en matière : « La loi du 24 février a mené à une professionnalisation de la langue, d’abord sur l’écriture et l’enseignement de la langue, mais également sur la recherche linguistique et sur la digitalisation de la langue. »

À l’Université, l’Institut pour la langue et littérature luxembourgeoise a vu la jour en 2006, avec l’objectif d’accompagner cette professionnalisation de la langue. Aujourd’hui, les projets de l’Institut favorisent une approche interdisciplinaire, à l’intersection de la (socio)linguistique, de la littérature, de la didactique et des méthodes informatiques. Les applications issues de la recherche facilitent la communication dans un contexte multilingue et peuvent offrir des points de repère pour développer l’identité des membres de notre société. Elles favorisent la compréhension de l’histoire du Luxembourg et aident les personnes et les entreprises à communiquer dans un contexte multilingue. Ainsi, elles bénéficient aux étudiants et chercheurs, mais également aux expatriés ou frontaliers, aux auteurs et éditeurs, aux enseignants et personnes travaillant dans un milieu où domine le luxembourgeois.

La digitalisation, un eldorado pour la langue

Quatre projets phares se nichent au carrefour de la linguistique et de la digitalisation :

  • Le modèle linguistique LuxT5, semblable à celui qui équipe ChatGPT, est un outil sophistiqué capable de comprendre et de générer du texte. Développé par Alistair Plum et Christoph Purschke, LuxT5 intègre et crée des textes en luxembourgeois, mais fonctionne également en allemand et en français. En incorporant des quantités égales de données provenant de ces langues apparentées, ce modèle vise à améliorer de manière significative la présence et les capacités numériques du luxembourgeois. Un tel modèle peut inspirer l’innovation dans le développement d’applications linguistiques pour le Luxembourg, telles que les chatbots multilingues ou la traduction de textes.
  • Sur le Familiennamenatlas (l’atlas des noms de famille), les utilisateurs peuvent localiser leur patronyme dans la Grande Région et apprendre l’étymologie de leur nom de famille.
  • Le “Variatiounsatlas” (atlas des variations), documente les variantes du luxembourgeois. Les chercheurs Peter Gilles, Christoph Purschke, Nathalie Entringer und Sara Martin ont analysé plus de 250 000 données pour créer des cartes linguistiques par région et par mot.

Cet atlas exhaustif permet d’une part l’analyse détaillée des variations linguistiques, de phonétique et de grammaire ou de vocabulaire par région, catégorie sociale, âge ou autres caractéristiques. L’utilisateur peut également d’observer la transformation de la langue dans le temps, grâce à des cartes linguistiques datant de jusqu’à 1963. Finalement, l’utilisateur peut comparer ces variations de langue avec des facteurs socio-démographiques d’une municipalité, par exemple l’évolution de l’urbansiation ou de la migration.

  • Lux-ASR, l’outil de reconnaissance vocale pour le luxembourgeois : Lux-ASR reconnaît les passages du luxembourgeois au français de manière prometteuse et est disponible gratuitement en ligne. L’outil est aujourd’hui utilisé par la Chambre des députés et RTL.  

Au fil des ans, l’Institut a mené de nombreux projets, dont l’application mobile “Schnëssen” (“papoter”). Elle permet aux utilisateurs d’enregistrer de précieuses données audio faites d’expressions et de dialectes des quatre coins du pays. Grâce à ces données, les chercheurs ont pu créer des projets comme l’atlas des variations.

« Les besoins de personnes, des institutions et entreprises concernant les ressources linguistiques vont de pair avec les développements sociétaux et technologiques. », explique Peter Gilles. « Notre recherche veut permettre au luxembourgeois de devenir une langue comprise et manipulée avec aisance dans divers environnements. »

L’offre en enseignement

Au sein du Bachelor en Cultures Européennes, les étudiants peuvent choisir la filière «  Lëtzebuerger Linguistik a Literatur », qui les prépare soit à une carrière dans l’édition ou le journalisme, l’enseignement ou la culture, soit aux études de master.

Au sein du Master en Enseignement secondaire, les étudiants peuvent opter pour la filière « Langue et littérature luxembourgeoise » afin d’entamer une carrière dans l’enseignement au Luxembourg.

Image en haut de la page : © CAPE