Entretien avec le Dr Christophe Haunold
L’Université du Luxembourg a créé un nouveau bureau central pour le avec Dr Christophe Haunold à sa tête. Le bureau a pour objectif de favoriser les partenariats de l’Université avec les partenaires industriels et publics et de transférer les résultats de recherche de haute qualité de l’Université afin de créer de la valeur pour la société et les entreprises. Les facultés et les centres interdisciplinaires de l’Université ont déjà lancé plusieurs partenariats importants, des preuves de concepts et des entreprises dérivées. Le bureau du PaKTT assure une gestion et un soutien centralisés, constitue une interface pour les acteurs industriels et publics et regroupe les activités existantes dans l’esprit d’un système distribué pour soutenir les chercheurs dans tous les domaines. Partenariat, la Connaissance et le Transfert de Technologie (PaKTT)
Dans une interview, le Dr Christophe Haunold parle de l’histoire de l’Université en matière de transfert de connaissances et de technologies, des projets en cours et de l’impact de la pandémie sur le travail du nouveau bureau.
À quoi ressemble le transfert de connaissances et de technologies à l’université ?
Depuis sa création, l’Université du Luxembourg s’est efforcée de développer ses activités de recherche en partenariat avec l’industrie et les organismes publics. Grâce à ces partenariats, l’Université fait l’expérience des défis industriels et sociétaux qui nécessitent de plus en plus des approches interdisciplinaires et intersectorielles. La culture de l’Université en matière de partenariat et de transfert de connaissances et de technologies est multiple.
Des chaires telles que la chaire ArcelorMittal de construction métallique, la chaire SES de communications par satellite et de droit des médias, la chaire PayPal PEARL de services financiers numériques, la chaire Ville d’Esch sur la régénération urbaine, sont des exemples emblématiques des liens de l’Université avec les partenaires industriels et publics. Plus largement, les partenariats public-privé (PPP) sont un autre instrument de partenariat important, souvent co-financé par le Fonds national de la recherche (FNR) luxembourgeois par le biais de leurs projets BRIDGES ou de leurs bourses industrielles et des programmes de R&D et d’innovation du Ministère de l’Economie.
Le transfert de connaissances par le biais de licences de propriété intellectuelle (PI) a également été développé avec des entreprises existantes ou par le biais de entreprises dites « spin-off » comportant des risques technologiques, commerciaux et financiers, nécessitant souvent des phases intermédiaires de preuve de concept, de démonstration, de validation et de maturation. L’Université a fait des progrès significatifs dans ce domaine au cours des six dernières années. J’ai découvert des initiatives de valorisation de la recherche et des « spin-offs » très intéressantes, comme Motion-S (la première « spin-off » de l’Université), Databourg, LuxAI, LetzMath et OrganoTherapeutics dans les domaines de la mobilité, de la surveillance de l’environnement, de la robotique, de l’éducation ou de la découverte de médicaments. L’Université utilise les droits et la protection de la propriété intellectuelle, y compris les demandes de brevet, pour créer de la valeur et des actifs dans ces entreprises innovantes.
Quel est le programme du bureau du PaKTT pour l’avenir ?
L’Université élabore actuellement une politique de partenariats en consultation avec les Facultés et les Centres interdisciplinaires, qui permettra de tirer parti des forces et des attentes de toutes les entités. Les futurs projets de recherche seront basés sur les compétences disciplinaires, mais se concentreront également sur des défis plus globaux tels que la santé, la numérisation, le développement durable et le potentiel largement inexploité des sciences sociales et humaines. Nous travaillons actuellement sur des projets d’essaimage interdisciplinaires très prometteurs qui s’appuient sur les domaines technologiques et le savoir-faire des sciences sociales et humaines. Ces projets abordent des sujets tels que les évaluations cognitives – outils précieux pour comprendre le rôle de certaines fonctions cérébrales dans toute une série de troubles et de syndromes – et la vérification automatique de la conformité pour simplifier l’examen des processus d’entreprise et des documents juridiques en vue de leur conformité à la GDPR.
Quel a été l’impact de la pandémie COVID-19 sur votre travail ?
Le développement de partenariats et le transfert de connaissances et de technologies est un sport de contact. Il est évident que la situation affecte fortement nos activités. Je n’ai pas pu rencontrer autant de partenaires que je l’aurais souhaité, en particulier du côté industriel. Les réunions à distance sont une solution temporaire, mais la qualité de l’échange en souffre car beaucoup de signaux fins peuvent être perdus. En tant que nouvel arrivé, je n’ai pas aimé de devoir reporter des rencontres physiques avec des personnes essentielles, notamment des chercheurs, des collègues, des partenaires, des agences publiques et des organisations gouvernementales, même si j’ai été présenté à distance aux principaux acteurs de l’écosystème de l’innovation. En ce qui concerne l’activité d’innovation à l’Université, nous craignons qu’en raison de la dynamique intrinsèque des projets, l’effet négatif de la pandémie ne se fasse sentir que l’année prochaine. Certains projets ont été ralentis, et nous constatons déjà une baisse du nombre de nouvelles inventions et de demandes de brevets, par exemple.
La crise COVID-19 a également montré que des circonstances extraordinaires créent de nouvelles opportunités et nous poussent à innover notre collaboration avec de nouveaux outils de communication. La pandémie a aussi clairement démontré l’importance et l’efficacité du transfert de technologies de la recherche publique pour résoudre les grands problèmes sociaux et sanitaires.