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Détecter les troubles de l’apprentissage : les tests adaptés aux réalités du Luxembourg

  • Faculté des Sciences Humaines, des Sciences de l’Éducation et des Sciences Sociales (FHSE)
    23 avril 2025
  • Catégorie
    Education
  • Thème
    Éducation & intervention sociale

Dans un pays où le multilinguisme est la norme, détecter les troubles d’apprentissage comme la dyslexie, la dysorthographie ou la dyscalculie représente un véritable défi. Pour y répondre, le Luxembourg Centre for Educational Testing (LUCET) et le Centre pour le développement des apprentissages ont conçu des tests standardisés adaptés au contexte local. Leur objectif : offrir un diagnostic plus juste, éviter les erreurs d’interprétation liées à la langue, et mieux accompagner les élèves en difficulté. 

« Jusqu’à présent, les tests utilisés au Luxembourg pour évaluer ces troubles provenaient principalement de nos pays voisins, notamment de l’Allemagne », explique Sonja Ugen, directrice du Luxembourg Centre for Educational Testing (LUCET). « Il est alors difficile de déterminer si les difficultés observées sont dues à un trouble spécifique ou simplement à une mauvaise compréhension des consignes, formulées dans une langue que l’élève ne maîtrise pas parfaitement ». 

Fort de son expérience dans le monitoring scolaire au Luxembourg, le LUCET a depuis longtemps démontré l’impact significatif de la langue sur les résultats des tests.

« Il devenait urgent de développer une batterie de tests adaptés au contexte luxembourgeois, afin d’éviter de sur-diagnostiquer les élèves – ou au contraire de passer à côté de difficultés réelles –   à cause de la complexité multilingue de nos écoles », poursuit Sonja Ugen.   

Pendant quatre ans, les chercheurs de LUCET ont travaillé en collaboration avec le Centre pour le développement des apprentissages Grande-Duchesse Maria Teresa (CDA) pour concevoir deux tests standardisés spécifiquement pour le contexte multilingue du pays : le LuxLeseTest et le LuxMatheTest. Comme leurs noms l’indiquent, ces outils évaluent respectivement les compétences de lecture et mathématique, proposent des instructions courtes, compréhensibles pour les enfants qui parlent le luxembourgeois ou une autre langue au quotidien. “Le LuxMatheTest par exemple, évite les problèmes de compréhension en évitant de proposer des énoncés mathématiques complexes”, précise Sonja Ugen.    

Au déla de la question linguistique, les chercheurs se sont également penchés sur la standardisation des tests, essentielle pour garantir un maximum de précision et de fiabilité du diagnostic.

Chaque test est accompagné d’un manuel et d’un livret de protocole qui indique précisément comment l’administrer et le corriger. Cela évite que les résultats ne soient influencés par leur encodage où de devoir multiplier les évaluations pour en confirmer la validité.”
Dr. Sonja UGEN

Dr. Sonja UGEN

Research scientist

En parallèle, le LUCET a développé FLUX ( Fluide Intelligenz Luxembourg, une initiative destinée à évaluer les capacités cognitives des enfants. Pour réduire l’influence du profil linguistique de l’élève, ce test repose sur des contenus abstraits et des consignes visuelles animées.  

À travers ces trois batteries de tests, l’Université du Luxembourg espère offrir un diagnostic plus précis permettant une prise en charge mieux ciblées pour les élèves en difficulté. De plus, ces outils standardisés ouvriront de nouvelles perspectives pour la recherche sur les troubles de l’apprentissage, un domaine qui manquait de données fiables au Luxembourg jusqu’à aujourd’hui.