News

Un étudiant de l’Uni remporte un prix international pour une nouvelle SF sur l’IA

  • Faculté des Sciences Humaines, des Sciences de l’Éducation et des Sciences Sociales (FHSE)
    16 décembre 2025
  • Catégorie
    Prix & classements
  • Thème
    Sciences humaines

Pierre Yvan Belinga Meka, étudiant en études parlementaires à l’Université du Luxembourg, a récemment remporté le Prix du public du concours international d’écriture organisé par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et Radio France Internationale (RFI) (RFI-AUF 2025), ouvert aux jeunes de moins de 30 ans issus de l’espace francophone. Le thème imposé était l’oubli, avec 330 textes envoyés depuis 44 pays. 

Dans sa nouvelle de science-fiction « Ce que l’oubli enfante », Pierre Yvan explore la frontière entre mémoire et fiction et met en scène Mira, une intelligence artificielle qui apprend des algorithmes à partir de souvenirs humains, tout en effaçant peu à peu l’humanité de son hôte. 

L’oubli est intéressant parce qu’il se situe à la frontière entre la mémoire et la fiction, entre ce qu’on a vécu et ce qu’on peut encore imaginer. On écrit parce qu’on ne se souvient plus tout à fait : il faut combler le manque, réinventer ce qui se défait.”

Pierre Yvan Belinga Meka

Prix du Public des Jeunes écritures RFI-AUF 2025

L’IA oblige l’humain à se redéfinir

Pierre Yvan voit dans l’intelligence artificielle une forme de « tabula rasa contemporaine » , un outil « neutre » qui déstabilise le rôle de l’humain comme le seul être capable à créer, à produire de l’art, de la littérature et bien plus encore. Selon Pierre Yvan Belinga Meka, l’intelligence artificielle, en déstabilisant nos certitudes sur la création, nous oblige à nous redéfinir. Face aux capacités créatives de l’IA, il affirme l’irréductible : « La machine produit des résultats ; l’humain ressent et transmet des émotions. L’IA n’est pas une menace, mais un catalyseur de réinvention humaine. Elle oblige à redéfinir ce qui fait l’unicité de l’homme : sa sensibilité ». Loin d’opposer art et technologie, il plaide pour « travailler avec l’IA, et non pour l’IA » — s’aider des outils sans leur déléguer l’invention. 

Hommage à la polyphonie linguistique

Photo : Pierre Yvan Belinga Meka

Son texte tisse une polyphonie de langues, du créole au malinké, rendant hommage à une mémoire collective hétérogène. Cameroun, Alexandrie, Luxembourg : son parcours multiculturel nourrit une écriture de la traversée, entre technologie et poésie, entre l’Afrique et l’Europe, mémoire et anticipation du futur. Une de ses leçons les plus importantes quant à l’oubli et l’ouverture à des nouvelles cultures ? « Pour mieux apprendre, il faut accepter de désapprendre, pour apprendre comment apprendre. L’oubli nous permet justement de désapprendre, de mettre de côté nos pensées limitantes — celles qui nous empêchent de vivre pleinement avec nos semblables, issus d’autres cultures. » Il défend donc une vision féconde de l’oubli : « Oublier, parfois, permet de désapprendre pour mieux apprendre et s’ouvrir à l’autre. » 
 
Fort de ce prix, Pierre Yvan prépare un premier roman, prolongement de sa nouvelle, qu’il souhaite publier au Luxembourg : « Je veux traduire la beauté d’un pays profondément multiculturel et multilingue. Je viens du Cameroun, un pays à plus de 280 langues, où la diversité culturelle est une question centrale.  Après mes études à l’Université Senghor d’Alexandrie, dans un environnement cosmopolite, et mon parcours au Luxembourg, pays profondément multiculturel et multilingue, je suis convaincu que l’avenir du monde appartient à la diversité culturelle et linguistique.  

Pierre Yvan vient d’entamer un doctorat en sciences politiques à l’Université du Luxembourg.