Une nouvelle étude basée sur des données issues de l’assurance maladie en Allemagne révèle une tendance intrigante : le taux de nouveaux cas de maladie de Parkinson, également appelé taux d’incidence pour une classe d’âge donnée, est en baisse. Des chercheurs de l’Université du Luxembourg et du Centre allemand pour les maladies neurodégénératives (DZNE) ont analysé des données collectées entre 2006 et 2018 pour près de 450 000 personnes assurées par AOK, la plus grande caisse d’assurance maladie d’Allemagne, et ont montré que le risque de développer la maladie de Parkinson diminuait d’environ 20% chez les plus de 50 ans. Et ce même en prenant en considération les facteurs de risque connus pour la maladie de Parkinson comme le diabète, l’hypertension et les lésions cérébrales traumatiques. Parallèlement, l’âge moyen du diagnostic a augmenté de près de deux ans chez les hommes et d’un peu moins d’un an chez les femmes, indiquant que la maladie aurait également tendance à apparaître plus tardivement. Cette étude a été récemment publiée dans le Journal of Parkinson’s Disease.
Des différences régionales à étudier dans un contexte global complexe
« La baisse du taux d’incidence en Allemagne est encourageante mais elle intervient dans un contexte où le nombre de personnes touchées par la maladie de Parkinson augmente du fait de l’allongement de la durée de vie. En outre, un grand nombre de baby-boomers sont en train de rejoindre les classes d’âge avancé pour lesquelles le risque de développer la maladie de Parkinson est élevé. Par conséquent, le nombre total de cas va continuer à augmenter, même si le nombre de nouveaux cas par classe d’âge a lui diminué et pourraient continuer à diminuer, » explique Dr Anne Fink, chercheuse au Centre allemand pour les maladies neurodégénératives (DZNE) et première auteure de l’étude.
Ces conclusions issues des données allemandes correspondent aux résultats d’études similaires menées au Canada, en Corée du Sud et aux Pays-Bas. Ces pays font également état d’une baisse ou d’une stabilisation des taux d’incidence de la maladie de Parkinson. À l’inverse, dans des pays comme les États-Unis, l’incidence de la maladie augmente toujours, suggèrant l’importance des facteurs sociétaux ou environnementaux régionaux, tels que le degré d’exposition aux pesticides et aux solvants industriels.
« Il est très probable qu’une multitude de facteurs entrent en jeu, » souligne Prof. Jochen Schneider, responsable du groupe Medical Translational Research au Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB) et au département Sciences de la vie et médecine de l’université. « Des recherches antérieures ont par exemple montré que certains pesticides ont des effets neurotoxiques. Le paraquat a ainsi été associé à la maladie de Parkinson et son utilisation a été interdite par l’Union européenne en 2007. »
Le trichloréthylène (TCE), un solvant couramment utilisé pour le dégraissage de pièces métalliques, a lui aussi été associé à la maladie de Parkinson et interdit en Europe en 2016. Aux États-Unis, le TCE et le paraquat restent répandus et le pays a enregistré une augmentation des taux d’incidence de la maladie de Parkinson. Des facteurs comme une exposition moindre aux produits chimiques neurotoxiques et une meilleure qualité de l’air pourraient donc jouer un rôle dans les différences observées entre pays.
Isoler les facteurs biologiques et sociétaux
Si les raisons exactes de la baisse du taux d’incidence de la maladie de Parkinson en Allemagne restent à éclaircir, ces résultats mettent en évidence à quel point la dynamique d’une maladie peut être complexe. Des facteurs tels que la taille des différentes classes d’âge, l’amélioration de l’accès aux soins et l’évolution des moyens diagnostic pourraient aussi contribuer aux tendances observées. « Nos résultats soulignent la nécessité de poursuivre les recherches pour démêler les facteurs biologiques et sociétaux qui façonnent ces tendances, » note Dr Fink. Une meilleure compréhension des facteurs impliqués pourrait ouvrir la voie à des stratégies de santé publique innovantes permettant aux seniors du monde entier de vieillir en meilleure santé.
« La baisse du taux d’incidence observée est porteuse d’espoir mais, comme les personnes diagnostiquées vivent maintenant plus longtemps, il est toujours aussi important de poursuivre les travaux de recherche pour améliorer le diagnostic, les traitements et la prise en charge de ces patients, » conclut le professeur Jochen Schneider.
—
Publication scientifique : Fink A, Pavlou MAS, Roomp K, Schneider JG. Declining trends in the incidence of Parkinson’s disease: A cohort study in Germany. Journal of Parkinson’s Disease. Décembre 2024. Doi:10.1177/1877718X241306132
Illustration basée sur une image réalisée par Freepik.
En savoir plus sur le chercheur
Assist. Prof Jochen SCHNEIDER
Assistant professor / Senior research scientist, Medical Translational Research group