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Engendrer des connaissances : le parcours difficile mais enrichissant du doctorat

  • Université / Administration centrale et Rectorat
    09 octobre 2025
  • Catégorie
    Relations avec le public

« L’Université du Luxembourg compte désormais 1 000 doctorants », a déclaré Prof. Jens Kreisel. « Ils sont un moteur de notre recherche universitaire et de l’innovation dans le pays. » Il était entouré de cinq anciens doctorants, tous lauréats du prix Rolf Tarrach. Aujourd’hui, certains d’entre eux travaillent dans une start-up, sur une bourse ERC ou encore à la Cour administrative. Dans le cadre de leur doctorat, ils ont choisi de s’attaquer à des défis sociétaux ou technologiques majeurs, et se sont engagés dans une carrière qui allait intrinsèquement changer leur manière de raisonner et de travailler.  

Fatima Chaouche (lauréate 2020 – doctorat en droit) a ouvert la discussion en revenant sur ce que les études doctorales lui ont apporté sur le plan personnel. « Faire un doctorat a complètement changé ma façon de penser, qui je suis. Cela m’a donné la confiance, la résilience et la patience nécessaires pour assimiler les commentaires. J’ai dû accepter d’être remise en question et critiquée. Il était important de s’améliorer et d’améliorer son travail, tout en comprenant que l’on n’est pas défini par son travail. »  

Intégrer les critiques pour s’améliorer et continuer

VVéronique Cornu (lauréate 2019 – doctorat en psychologie) a illustré cela par une expérience difficile. « Mon premier article scientifique a été rejeté par un journal après l’évaluation des pairs. En tant qu’être humain, c’est très difficile d’accepter ces critiques, mais dans le domaine universitaire, c’est essentiel de les prendre en compte. J’ai révisé mon article pour en écrire une autre version. Il a été publié et est aujourd’hui mon article le plus cité. » Elle est aujourd’hui neuropsychologue clinicienne au Centre pour le développement des apprentissages (CDA) pour les jeunes présentant des troubles d’apprentissage. Elle collabore également avec l’Université dans le cadre de recherches visant à relier la pratique clinique aux découvertes scientifiques. De manière inattendue, ses recherches ont désormais un impact sur sa vie personnelle. « Dans le cadre de mon doctorat, j’ai développé une application permettant aux jeunes enfants d’apprendre les mathématiques sans langage, afin qu’il n’y ait pas de barrières linguistiques, ce qui est très important dans un pays multilingue comme le Luxembourg. Cette application est désormais utilisée dans le monde entier, et ma petite fille l’utilise également à la maternelle. »  

Des conversations surprenantes, des découvertes marquantes

« Dans la recherche, l’on ne trouve souvent pas ce qu’on cherchait », poursuit Léo Perrin (lauréat 2018 – Doctorat en cryptographie). Il faut accepter de s’écarter du chemin initial et un certain niveau d’incertitude, des revirements ou impasses, jusqu’à ce que les efforts soient récompensés. Il poursuit aujourd’hui la voie ouverte lors du doctorat : son travail à l’Inria se concentre sur la cryptographie symétrique et bénéficie d’une bourse ERC (ReSCALE). « Cela m’est arrivé plusieurs fois au cours de ma carrière. »  

Mads Weber (lauréat 2017 – doctorat en physique) a insisté sur le pouvoir des discussions. « Les relations humaines jouent un rôle crucial. Les retours que j’ai reçus à des moments décisifs. L’indépendance d’intégrer des thèmes en-dehors de votre noyau peuvent vous mener dans la bonne direction, vous aider à persévérer et à réussir vos recherches. »  

Commencer un doctorat en cours de carrière

Une grande partie des doctorants entament cette étape après leur master, mais certains le font en parallèle de leur travail, entre deux emplois, voire après leur retraite.  

« J’ai travaillé pendant 20 ans dans le secteur privé avant de décider de me lancer dans quelque chose de complètement nouveau et de faire un doctorat », explique Carsten Ullrich (lauréat 2021 – doctorat en droit). « C’est en développant ma curiosité que j’ai pu repousser les limites. Mon directeur de thèse était plus jeune que moi, ce qui m’a lancé dans ce nouveau départ. » 

« Beaucoup de gens se demandent comment nous pouvons former les gens si nous ne savons pas quels seront les emplois dans 5 ou 10 ans », dit Jens Kreisel. « Nous devons creuser plus loin que des disciplines spécifiques telles que le droit, la sociologie ou la physique. Il faut être capable d’analyser, de contextualiser, de décrire et à la fois de remettre en question et d’accepter la critique. C’est le secret ouvert pour tous les emplois de demain : des compétences qui feront la différence plus tard. »   

Les compétences essentielles pour l’avenir

Pour les anciens lauréats, ces compétences transversales sont devenues essentielles pour poursuivre leur thèse. « Ce processus façonne votre façon de penser, de travailler et d’aborder un problème », a expliqué Véronique Cornu. « La gestion de projet et la capacité à travailler de manière indépendante sont également des compétences que j’ai acquises pendant mon doctorat. »  

« Plus vous acquérez ces compétences, plus vous commencez à identifier plus naturellement où se situent les problèmes et ce à quoi il faut vraiment répondre », a renchéri Fatima Chaouche. « Ces quatre années ont été une excellente préparation pour travailler à la Cour administrative suprême du Luxembourg, où nous devons résoudre des affaires fiscales inédites et très complexes. »  

Pour Véronique Cornu, ces années lui permettent d’avoir un impact durable sur la société. « Aujourd’hui, je travaille avec des enfants ayant des difficultés d’apprentissage qui ont du mal à apprendre les mathématiques. Ce que j’ai étudié pendant des années en théorie me permet de les aider dans la pratique. »

La formation doctorale à l’Université du Luxembourg offre un environnement académique créatif et des infrastructures de pointe. L’écosystème est conçu pour aider les doctorants à mener des recherches de haut niveau et à poursuivre leur carrière, que ce soit dans le milieu universitaire ou dans l’industrie. Grâce à un portail d’information, les titulaires d’un master peuvent postuler à des postes de doctorat vacants ou proposer leur projet de recherche à partir de zéro aux écoles et programmes doctoraux