L’idée aujourd’hui répandue que l’homosexualité ne serait “pas africaine” est une construction historique qui puise une grande partie de ses racines dans la colonisation. Cette conférence retracera la trajectoire singulière de cette idée dans l’empire colonial belge et ses reconfigurations postcoloniales contrastées au Congo, au Rwanda et au Burundi. Par rapport à d’autres empires coloniaux, la Belgique se distingue par l’absence de politiques de criminalisation formelle et la faiblesse des discours publics sur l’homosexualité. Au-delà de son intérêt intrinsèque, cette histoire invite aussi à réfléchir sur comment enquêter sur l’histoire d’un silence, sur les manières dont les politiques sexuelles et de genre offrent des observatoires inédits sur la société coloniale, et enfin sur comment penser en historien∙ne la question plexe des héritages de la colonisation dans le présent.
Amandine Lauro est Chercheuse Qualifiée du FNRS à l’Université libre de Bruxelles, où elle enseigne l’histoire de l’Afrique, du genre et de la colonisation. Elle mène des recherches au carrefour de l’histoire du pouvoir colonial et de l’histoire du genre et des sexualités, avec pour terrain particulier le Congo belge. Plus spécifiquement, cette expertise l’a amenée à travailler et publier sur une série de thématiques (sexualités interraciales et métissage, encadrement du mariage et des sexualités, police et ségrégation raciale, origines de l’épidémie de SIDA dans le bassin du Congo, etc.) en Afrique centrale. Elle travaille actuellement sur un projet de recherche consacré à l’histoire des violences sexuelles en République démocratique du Congo aux 19ème et 20ème siècles et co-dirige plusieurs projets : le programme de numérisation/recherche DIGICOLJUST-2 (« Military Violence and its (Dis) Contents in Colonial Congo: Sharing the Records, Writing the History » – BRAIN-be 2.0 Belspo), le projet de recherche fondamentale REBELSOLDIERS (« Rebel Soldiers on Trial: Military Agency and its Repression in Colonial Congo (1885-1960) » – Weave FNRS/FWO), et le projet de recherche HERICOL (« Héritages coloniaux en Belgique : universités, mobilisations et contre-mobilisations » – ARC). Elle co-dirige également la revue Sextant publiée par les Editions de l’Université libre de Bruxelles et est l’actuelle directrice de l’Atelier Genre(s) et Sexualité(s).
PROGRAMME
18h30 : Inscription
18h45 : Présentation
19h30 : Questions et discussion
20h00 : Réception
- Inscription: Eventbrite
- +infos: ltah.uni.lu/