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Écoles publiques européennes : l’offre linguistique flexible porte ses premiers fruits

  • Faculté des Sciences Humaines, des Sciences de l’Éducation et des Sciences Sociales (FHSE)
    18 novembre 2025
  • Catégorie
    Communiqués de presse
  • Thème
    Éducation & intervention sociale

Le dernier rapport du LUCET (Luxembourg Centre for Educational Testing de l’Université du Luxembourg) offre les premières données longitudinales sur les Ecoles publiques européennes (EPS) et montrent que la flexibilité linguistique offerte par l’EPS favorise les apprentissages d’un grand nombre d’élèves et pourrait contribuer à réduire certaines inégalités persistantes dans le système éducatif luxembourgeois. Des données qu’il faut cependant interpréter avec prudence, car la composition sociale des écoles reste contrastée.

Il y a bientôt dix ans, la première école européenne publique (EPS) voyait le jour au Luxembourg. L’objectif était clair, répondre aux défis posés par la diversité des élèves au Luxembourg et diminuer les inégalités identifiées à plusieurs reprises entre les élèves issus de milieux socioéconomiques et socioculturels différents. Contrairement aux écoles qui suivent le curriculum Luxembourgeois, les EPS autorisent les élèves à choisir leur langue principale d’enseignement parmi les trois langues : Allemand, Français ou Anglais.

Depuis 2022, le LUCET (Luxembourg Centre for Educational Testing de l’Université du Luxembourg) monitore les compétences des élèves de ces écoles afin d’évaluer l’efficacité de cette nouvelle offre scolaire. Peu à peu intégrée dans les « Épreuves standardisées » (ÉpStan), cette démarche permet désormais de disposer de données plus exhaustives pour analyser si l’offre linguistiques flexible contribue à la réduction des inégalités dans le système éducatif luxembourgeois.

Des compétences en mathématiques aux langues

Les résultats obtenus aujourd’hui viennent confirmer les premières observations publiées en 2023 sur les performances en mathématiques des élèves de ces établissements. Les résultats indiquent que les élèves inscrits dans le dispositif EPS réussissent généralement davantage en mathématiques que leurs camarades suivant le curriculum luxembourgeois. Une tendance qui se vérifie aujourd’hui dans le nouveau rapport EPS 2025 publié ce jour. Ce rapport confirme cette observation non seulement pour l’ensemble des élèves, mais aussi pour ceux qui sont habituellement plus exposés aux difficultés scolaires, comme les élèves issus de milieux socioéconomiques défavorisés ou ayant une autre langue que le luxembourgeois ou l’allemand à la maison. En plus de valider les premières observations, ce nouveau rapport indique la progression des élèves en offrant les premières données longitudinales.

Il va également plus loin et ajoute aux mathématiques l’observation des performances des élèves de 1ère année dans les matières linguistiques. Dans ce domaine, les élèves inscrits dans l’EPS présentent des avantages en compréhension orale et en premières compétences d’écrit lorsqu’ils apprennent dans une langue plus proche de leur langue familiale. Les élèves suivant le curriculum luxembourgeois, quant à eux, montrent de meilleurs résultats en compréhension orale du luxembourgeois au début de l’école primaire. Une différence qui s’explique sans doute en partie par une exposition linguistique différente durant l’éducation et l’accueil de la petite enfance.

Des élèves motivés, des parents rassurés

Dans les deux systèmes, les élèves font preuve d’une grande motivation scolaire et décrivent un environnement d’apprentissage positif. Les relations entre enseignants et élèves sont perçues comme légèrement meilleures par les élèves suivant le curriculum luxembourgeois, ce qui peut s’expliquer par des différences organisationnelles : dans ce système, une même personne enseigne la majorité des matières, tandis que l’EPS fonctionne davantage avec des enseignants spécialisés par discipline.

Du côté des parents, tous apprécient l’offre multilingue de l’école luxembourgeoise. Cependant, les parents d’élèves inscrits à l’EPS —en particulier ceux dont la langue familiale n’est ni le luxembourgeois ni l’allemand — déclarent se sentir davantage en mesure d’accompagner la scolarité de leur enfant, puisque l’enseignement se déroule dans une langue qu’ils maîtrisent mieux.

Un contexte social spécifique à considérer

Dans l’ensemble, les résultats du rapport 2025 sur les Écoles publiques européennes indiquent que la flexibilité linguistique proposée par l’EPS permet à de nombreux élèves de mieux apprendre dans une langue qui leur convient davantage, contribuant ainsi à réduire certaines inégalités éducatives. Il convient toutefois de rappeler que les EPS accueillent actuellement une proportion plus élevée d’élèves issus de milieux socio-économiques favorisés et de familles francophones, tandis que les groupes d’élèves habituellement plus exposés aux difficultés scolaires y sont moins représentés. Ces éléments de contexte doivent être pris en compte dans l’interprétation des résultats, et des recherches supplémentaires seront nécessaires pour mieux comprendre dans quelle mesure une offre linguistique plus flexible peut promouvoir davantage d’égalité scolaire au sein de la population étudiante très diversifiée du Luxembourg.

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