Malgré les avancées en matière de droits des femmes, les inégalités de genre persistent dans de nombreux domaines, y compris celui de la santé. Les récentes recherches de l’Université du Luxembourg révèlent que le genre influence le diagnostic et la prise en charge de certaines maladies, entraînant des biais et un manque de reconnaissance de spécificités féminines. De l’autisme à la démence, en passant par la santé mentale des jeunes filles, plusieurs études alertent sur ces disparités et appellent à une prise de conscience pour des soins de santé plus inclusifs.
Samedi dernier, les femmes étaient célébrées sur de nombreuses plateformes de médias et jusque dans les commerces à l’occasion de la journée internationale du droit des femmes. Bien qu’ils soient célébrés le 8 mars depuis 1911, les droits des femmes sont loin d’être acquis et les inégalités de genre touchent tous les domaines jusqu’à celui de la santé. Selon diverses études récentes de l’Université du Luxembourg la considération du genre peut jouer un rôle crucial dans le diagnostic et la prise en charge de certaines maladies et troubles.
Des biais de diagnostic dans l’autisme féminin
Ce constat semble se confirmer pour Andreia Costa, chercheuse au sein de l’Institut Health and Behaviour, sur le diagnostic des troubles du spectre autistique. « On commence à remettre en question la prévalence supposée plus élevée des troubles du spectre autistique chez les hommes. Les femmes sont probablement sous-diagnostiquées car le diagnostic ne prend pas en compte les spécificités féminines de l’autisme. Nous pensons que les femmes passent plus facilement inaperçues car leurs compétences sociales seraient meilleures que celles des hommes. Or, la sociabilité est un critère important dans l’évaluation de ce trouble », explique-t-elle.
« Depuis leur plus jeune âge, les femmes sont socialement encouragées à être sociables. Cela peut être l’une des explications pour laquelle les femmes parviennent plus facilement que les hommes à camoufler leurs difficultés en mimant les comportements socialement acceptés » poursuit Costa.
Bien que cette capacité à mettre en place des stratégies de camouflage dans des situations sociales puisse s’avérer bénéfique lors de la recherche d’un emploi pour les femmes, l’avantage est bien souvent de courte durée. « Une fois en poste, les efforts déployés pour maintenir une façade et minimiser leur différence, coûtent beaucoup d’énergie et peuvent mener à l’épuisement, la dépression voire le burn out. Une femme qui ne socialise pas, qui ne va pas manger avec ses collègues sera plus vite jugée qu’un homme qui a le même comportement », ajoute la chercheuse.
L’impact des inégalités sur la santé mentale et la démence
Les femmes seraient également plus exposées au risque de démence. Selon les analyses menées en 2023 par l’équipe du projet CRISP (Cognitive Ageing : From Educational Opportunities to Individual Risk Profiles), « les taux élevés de démences chez les femmes sont moins le résultat de la biologie que de la charge de risque plus élevées des femmes, indiquée par un niveau d’éducation plus bas et des profils de risques de santé plus défavorables », note la coordinatrice du projet Anja Leist.
Chez les plus jeunes, la parité dans la santé n’est également pas au rendez-vous selon le dernier rapport Health and Behaviour in School-Aged Children (HBSC). « Les filles font état d’une santé mentale et d’un bien être systématiquement moins bons que les garçons », confirme Carolina Catunda, en charge du rapport.
Plus de recherche pour plus d’égalité
Ces différentes recherches mettent en lumière l’importance de considérer les spécificités de genre dans le domaine de la santé. Les trois chercheuses de la Facultés de Sciences Humaines, Sociales et de l’Éducation espèrent permettre une meilleure compréhension des disparités et améliorer la prise en charge médicale et le bien être des femmes grâce à leurs travaux.
Pour aller plus loin
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CAMOU – Facilitators and barriers to job access and retention among autistic women
Autistic women face challenges to find and maintain employment. The CAMOU project aims to understand the reasons and provide guidelines for career support.
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CRISP – ERC Cognitive Ageing : From Educational Opportunities to Individual Risk Profiles
The five-year project CRISP investigates cognitive ageing and dementia from a life course and social perspective, with a particular focus on inequalities related to education and gender
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HBSC Luxembourg – Health Behaviour in School-aged Children in Luxembourg
The HBSC study was founded in 1982 and nowadays the network includes 51 countries and regions from Europe, North America and Asia.It aims to understand the relationship between health and social factors and to communicate the results to the public.